Quand une « fortune », devenue ordure, redevient Fortune! Rien n’est immuable…

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J’aime ces petits moments d’illumination, où tout devient limpide. Les éléments se relient les uns aux autres en parfaite cohérence pour faire sens. C’est ce qu’il s’est produit ce matin alors que je prenais ma douche…

L’une de mes occupations de ces derniers temps qui n’avait, jusqu’à présent, pas de raison d’exister, a soudainement trouvé sa raison d’être.  Le sens « propre » (peut-être celui qui explique l’illumination sous la douche) s’est inexorablement accouplé au sens « figuré ». C’est parfois sans chercher la raison d’être des choses que l’on tombe dessus. Par hasard?

Tout à réellement commencé il y a quelques mois, fin décembre 2014 ou début 2015, je ne me souviens plus exactement. Lors d’une soirée d’hivers, alors que je marchais dans les rues de mon quartier, me vint l’idée et l’envie soudaine de gribouiller dans un livre. Peu importe l’ouvrage, il me fallait absolument dessiner sur des pages déjà imprimées, déjà lues, déjà usées…

Quimporte le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse.

Je cherchais alors vainement un vieux roman dans lequel je pourrais exprimer ma créativité! La boutique de « bric à brac » en bas de chez moi refusa de me vendre l’un des livres brochés qu’elle utilisait pour décorer sa vitrine. Rien à faire…

D’où me venait cette envie folle? peut-être de l’une de mes lectures actuelles (l’ouvrage « ce qui reste« , qui traite du thème des déchets et autres poussières et de leurs utilisations en art thérapie, autant sur le plan artistique que psychanalytique)  ou bien d’une illustration récente réalisée sur une feuille de papier journal, aperçue dans un une revue artistique. Ou encore, de ma passion pour la récupération sous toutes les formes.

Il me fallu prendre mon mal en patience et attendre le dimanche suivant, jour des « monstres » (comme on le dit chez moi), jour des encombrants (comme le disent les gens biens), pour enfin trouver l’ouvrage qui est la raison de ce nouvel article. Je savais pertinemment que je trouverai mon bonheur ce jour là, au coeur du fatras dominical urbain. Et il était là, à l’heure au rendez-vous, planqué dans le fond d’un carton, juste en bas de chez moi. Probablement abandonné là par un voisin mécontent de son contenu, ou voulant faire du vide dans sa bibliothèque.

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Il n’était rien d’autre qu’un vulgaire bouquin relié, protégé par une couverture cartonnée, recouverte d’une toile couleur brique. Il collait parfaitement à l’idée que je me faisais de lui. Fier de ma trouvaille, je m’en saisis pour le ramener au chaud. Puis, les jours suivants, je me mis machinalement à crayonner dedans, page après page, comme dans un carnet de croquis classique, faisant fi de son contenu.

Fortune de France, de Robert MERLE

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Quelques jours plus tard, je m’amusais spontanément à transformer le titre.

« Fortune de France » devint « Ordure de France ».

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Cette mutation du titre  du roman de Robert MERLE n’était pas délibérée et n’était, jusqu’à présent, qu’un modeste jeu de mots. Elle prend sens seulement aujourd’hui.

La fortune devenue ordure.

Car c’est bel est bien ce qu’était devenu cet ouvrage: une ordure perdue au milieu des autres, perdant ainsi son identité, sa singularité et sa raison d’être au monde. Passer de la fortune aux ordures, la « plus belle » devint « poubelle ». Quelle dégringolade dans l’échelle sociale! Mélanger aux autres déchets, elle était imprégnée de leurs odeurs. La sortir de ce carton lui permis de retrouver ses effluves de vieux bouquin.

Est-ce le fruit de mon inconscient ou bien celui du hasard qui me conduit à cette mutation? Je ne sais pas… Je ne sais pas si je crois au hasard… Mais je crois aux rencontres. Aux rencontres humaines, bien-sur!, mais également aux rencontres symboliques… Aux rencontres entre les mots, entre un livre et son lecteur, entre les mots et leurs représentations, à la rencontre d’un signifiant et de son signifié…(Pardonnez-moi Monsieur Saussure).

Alors, pourquoi écrire cela maintenant?

D’une part pour présenter, comme il se doit, les prochains gribouillis. D’autre part, car j’ai le sentiment, avec cette petite ordure, de posséder un petit trésor que je ne souhaite pas garder uniquement pour moi. Car lorsqu’on possède une quelconque richesse, il faut la partager. Or, je ne partage pas suffisamment. Ce monde, qui pourtant n’a jamais autant eu les moyens de partager, ne le fait pas suffisamment.

Pourtant, en partageant davantage, peut-être que certaines ordures pourraient devenir fortune. Cela vaut autant sur un plan économique, écologique, qu’humaniste. Cette fortune (« de France ») devenue ordure me procure de la richesse. Une richesse spirituelle et artistique. Cette dernière je la partage avec vous, en espérant qu’elle vous rende aussi riche que j’ai le sentiment de l’être.

Rien n’est immuable…

Bonbon

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« Mes amis, nous laisserons tous les mots avec un accent de sincérité ruisseler sur mes joues. »

Choisir des mots parmi tant d’autres sur une page de roman et se les réapproprier. Les modeler avec des illustrations pour exprimer, consciemment ou pas, mes envies, mes peurs, mes fantasmes, mes plaisirs…

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